Quand elle a entretenu une relation amoureuse avec le jeune voisin du quartier, elle s’est donné à lui corps et âme. Mais il a fini par la jeter comme un chiffon. Elle ne lui a jamais pardonné.

Comme si elle avait choisi de rester renfermée dans son cocon, elle balbutiait difficilement quelques mots avant de baisser la tête. A maintes reprises, le président de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca la sollicitait de lever les yeux. Mais en vain. Dès qu’elle s’est tenue au box des accusés, à la salle d’audience, elle a scruté du regard ses membres de sa famille, ses amies et ses proches qui sont venus assister à son procès. Agée de vingt-quatre ans, il semble qu’elle n’a jamais imaginé se trouver dans une telle situation.

«Il m’a détruite», balbutie-t-elle devant la Cour les yeux fixant toujours le plancher. Une phrase qu’elle a répétée, à voix très basse, plusieurs fois.
Poursuivie pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, elle n’a confirmé ni rejeté cette accusation, se contentant de dire : «Je ne savais pas ce que je faisais».
Toutefois, en entendant le récit des faits de la bouche du représentant du ministère public, lors de son réquisitoire, on apprend qu’elle a tout avoué aux enquêteurs de la police judiciaire. Elle a révélé qu’elle était la maîtresse du défunt. Ce dernier, son aîné de six ans, a entretenu une relation amoureuse avec elle. En fait, il n’habitait pas loin de chez elle et ils se croisaient souvent sur leur chemin. Lorsqu’il lui a proposé d’avoir une relation, elle n’a pas trop hésité à accepter.

Depuis, ils sortaient et couchaient ensemble. Elle n’a pas tardé à perdre sa virginité. Qu’à cela ne tienne, lui a-t-il expliqué puisqu’il allait l’épouser bientôt. Elle a cru à ses paroles et a continué à être en sa compagnie. Mais voilà qu’un jour elle apprend qu’il a demandé sa cousine en mariage. N’en croyant pas ses oreilles, elle lui a demandé par téléphone des explications. Sa réponse était très simple : «Ma mère m’a obligé à épouser ma cousine». Elle lui a demandé de se voir le lendemain. Effectivement ils se sont rencontrés et là elle l’a supplié de ne pas la laisser tomber après l’avoir dépucelée. Mais en vain. En un clin d’œil, elle l’a aspergé d’essence avant de lui mettre le feu. Des brûlures de 3ème degré mortelles.

Depuis, elle s’est renfermée sur elle, a expliqué son avocat de la défense lors de la présentation de sa plaidoirie. Il a précisé qu’elle est déprimée depuis le jour que le défunt l’a abandonnée. En fin de sa plaidoirie, il a réclamé de la faire bénéficier des circonstances atténuantes.
Après les délibérations, la Cour l’a condamnée à dix-huit ans de réclusion criminelle.