Les trois documents de travail offrent des perspectives éclairantes pour les décideurs économiques et les acteurs du marché.
Documents de recherche : Bank Al-Maghrib a récemment publié trois documents de travail portant sur des thématiques cruciales pour l’économie marocaine. Ces études apportent des analyses détaillées sur la dynamique des crédits bancaires, les perturbations des coûts de fret maritime et les pistes d’amélioration de l’efficacité des investissements publics.
Offre de crédits, transport maritime et investissement public direct… ce sont là les trois principales thématiques ayant fait l’objet de trois documents de travail publiés par Bank Al-Maghrib. Le premier document porte en effet sur la dynamique de l’offre de crédits et activité économique au Maroc. Rédigé par Yassine Slaoui, ce travail vise à identifier les chocs d’offre de crédit au Maroc et à déterminer leur impact sur le reste de l’économie, en utilisant un modèle SVAR avec restriction de signes.
La stratégie d’identification inclut les variables macroéconomiques pour lesquelles les restrictions de signe sont bien identifiées dans la littérature avant d’inclure les variables ayant trait à la sphère financière. L’analyse montre que les chocs d’offre de crédits ont eu un impact prononcé sur la croissance des crédits bancaires de la fin des années 2000. « Les résultats montrent que les chocs d’offre de crédit ont contribué de manière prononcée à la forte croissance des crédits bancaires de la fin des années 2000. Cette contribution, qui se situait à 60%, s’est progressivement normalisée au cours de la dernière décennie à des niveaux communément observés dans la Zone euro, autour de 30 %», peut-on lire dans ce sens. Et de poursuivre : «En ce qui concerne la croissance du PIB, la contribution des chocs d’offre de crédit a augmenté de manière continue au cours de la même période de 2,5 à 4 %, indiquant une financiarisation croissante de l’économie».
Le deuxième document analyse pour sa part l’impact des coûts de transport maritime de marchandises sur l’inflation au Maroc. «Le transport de marchandises par voie maritime contribue à l’acheminement de près de 80 % du commerce mondial. En raison des perturbations économiques, logistiques et géopolitiques liées notamment à la Covid-19, les indices mondiaux des taux de fret ont atteint en 2021 leur plus haut niveau historique, concourant au renchérissement des prix des produits importés», rappellent Saida Hajjaji et Kamal Lahlou, auteurs du document. Parmi les recommandations émises dans le cadre de ce travail, on cite l’approfondissement des analyses d’impact des coûts de transport maritime spécifiquement sur les prix des produits importés et ce à travers le développement d’un indice dédié à ces produits à même de donner à la fois une idée globale sur ces impacts, mais également sur les différentes catégories de produits importés que ce soit de consommation finale ou de consommation intermédiaire.
« Il est également pertinent de disposer d’indices spécifiques reflétant l’évolution des coûts de transport maritime de marchandises au Maroc. Ces indices pourraient contribuer à mesurer avec plus de précision les impacts des fluctuations des taux de fret sur l’inflation et sur la compétitivité des exportations», recommandent les auteurs. Et de préciser qu’«ils devraient aussi aider les opérateurs à mieux évaluer les perspectives de ce marché et éventuellement disposer davantage de visibilité sur les conditions des contrats avec les compagnies internationales. Pour ce qui est de l’efficience de l’investissement public direct au Maroc, le document, élaboré par Hicham Doghmi, estime des scores d’efficience de l’investissement public pour un panel de 70 pays en développement sur la période 2000-2019. Les résultats montrent d’une part, qu’il existe des marges de manœuvre pour accroître davantage l’efficience de l’investissement public, et d’autre part que l’efficience s’améliore progressivement à mesure que le pays se développe . On relève 55 % pour les pays à revenu faible, 72 % pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, et 75 % pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Concernant le Maroc, l’efficience est estimée à 66%.