Au terme d’une soirée mémorable au stade d’Honneur d’Oujda, la sélection marocaine a conclu, lundi, sa campagne des qualifications pour la Coupe d’Afrique des nations 2025 par une démonstration de force inégalée. Face à un Lesotho débordé et impuissant, les Lions de l’Atlas ont régalé leur public en inscrivant sept buts, sans en concéder un seul, portant ainsi leur bilan à six victoires en autant de rencontres dans le groupe B.
Dès les premières minutes, les intentions des joueurs marocains étaient claires : mettre de l’intensité, imposer leur suprématie et ne laisser aucune chance à l’adversaire. Brahim Diaz, flamboyant maestro du Real Madrid, a rapidement donné le ton en ouvrant le score dès la 5ᵉ minute d’une frappe limpide, avant de récidiver dix minutes plus tard avec une précision chirurgicale. A la 42ème minute, l’ancien Milanais signe un triplé, offrant une prestation de haut vol qui confirme son rôle croissant au sein de l’équipe nationale.
Soufiane Rahimi a, quant à lui, réussi un joli doublé. D’un coup de tête précis, l’attaquant d’Al Aïn transforme un corner d’Elias Ben Seghir à la 37ème minute. L’exécution parfaite de son geste n’a laissé aucune chance au portier adverse. Quelques minutes plus tard, il provoque un penalty à l’entrée de la surface de réparation. Avec un subtil sens du timing et une lecture parfaite du jeu, il anticipe le geste de son adversaire et se laisse légèrement toucher au moment opportun, sans laisser la moindre chance à l’arbitre de douter. Un véritable coup de génie qui lui permet de s’offrir son 2ème but de la soirée. A la mi-temps, le score était déjà sans appel : 5-0. Une domination sans partage, symbolisée par une fluidité dans le jeu et une aisance technique qui ont laissé les Lesothans sans réponse.
Le retour des vestiaires n’a pas atténué l’appétit marocain. Youssef En-Nesyri, d’un coup de tête rappelant les exploits de la Coupe du monde 2022, a alourdi l’addition à la 68ème minute, suivi d’un bijou signé Ismael Saibari, auteur d’un lob imparable deux minutes plus tard.
En parallèle de cette avalanche de buts, la défense marocaine a tenu son rôle avec brio, même si elle n’a pas vraiment été mise à l’épreuve. Yassine Bounou, quant à lui, a rappelé pourquoi il est considéré comme l’un des meilleurs gardiens du monde, en préservant ses cages inviolées grâce à une parade décisive à la 77ème minute.
Si les individualités marocaines ont brillé, la victoire doit également beaucoup à un collectif parfaitement huilé. Les Lions de l’Atlas ont démontré une maîtrise tactique impressionnante. Les transitions rapides, les permutations incessantes entre les milieux offensifs et les attaquants, ainsi qu’un pressing haut ont complètement asphyxié l’adversaire.
Cette victoire écrasante confirme l’état de forme éblouissant des Lions de l’Atlas et la maturité tactique atteinte par les joueurs sous la direction de Walid Regragui. Le jeu marocain repose désormais sur des principes bien définis : un pressing intelligent, une occupation optimale des espaces et une capacité à alterner entre possession méthodique et transitions rapides. Contre un adversaire comme le Lesotho, cela s’est traduit par un contrôle total du match, des séquences de jeu parfaitement élaborées et une efficacité clinique devant le but.
Avec 26 buts inscrits pour seulement 2 encaissés durant toute la phase de qualification, le Maroc finit en tête de son groupe avec un impressionnant bilan de 18 points, une différence de buts de +24 et l’aura d’un sérieux prétendant au sacre continental. En tout cas, avec une telle dynamique, le rêve semble plus accessible que jamais.
Mehdi Ouassat
Coups de pied arrêtés, la nouvelle force de frappe marocaine
Dans le football moderne, les petits détails font de grandes différences. Les coups de pied arrêtés incarnent aujourd’hui bien plus que de simples opportunités, ils sont devenus une arme tactique particulièrement redoutable. Conscient de cette évolution, Walid Regragui avait, dès le mois de septembre dernier, annoncé son intention d’intégrer à son staff un spécialiste des phases arrêtées. Aujourd’hui c’est chose faite et cela semble déjà révolutionner le potentiel offensif et défensif de l’équipe nationale.
Les performances du Maroc lors des deux dernières journées des éliminatoires de la CAN 2025 en offrent une illustration éclatante. Que ce soit par la qualité des frappes, la coordination millimétrée des déplacements dans la surface ou l’ingéniosité des schémas d’exécution, les Lions se sont montrés redoutables sur les balles arrêtées. Le corner repris avec autorité par Soufiane Rahimi face au Lesotho, puis celui transformé par Youssef En-Nesyri, ou encore les trois buts sur coups de pied arrêtés, trois jours plus tôt contre le Gabon, traduisent un entraînement méticuleux et une approche calculée.
Ces phases de jeu, autrefois considérées comme secondaires, deviennent désormais des leviers décisifs pour faire la différence dans les matchs les plus disputés. L’analyse des grandes compétitions révèle l’ampleur de cette révolution. Près de 20 % des buts en Premier League, lors de la dernière saison, sont le fruit de coups de pied arrêtés. L’exemple d’Arsenal sous la houlette de Nicolas Jover, véritable stratège des phases arrêtées, est révélateur: 44 buts marqués sur coups de pied arrêtés depuis son arrivée en 2021 - 19 d'entre eux provenant de corners. Inspiré par de tels modèles et fort des qualités techniques de ses joueurs, le Maroc pourrait bien transformer cette arme en un atout majeur à l’avenir, ajoutant une corde supplémentaire à son arc déjà bien fourni.
Pour le staff de Walid Regragui, travailler les balles arrêtées, ce n’est pas uniquement viser des buts supplémentaires, c’est aussi cultiver une discipline collective, affiner la précision individuelle et injecter une dose d’imprévisibilité dans chaque match. Les adversaires savent désormais qu’une faute anodine à 30 mètres ou un corner mal défendu peuvent se transformer en punition immédiate face au Maroc.
Lors de la CAN 2025, cette maîtrise des phases arrêtées pourrait s’avérer cruciale. Dans les rencontres serrées, où les espaces sont réduits et les occasions se font rares, un corner ou un coup franc bien exécuté peut décider du sort d’une nation.
Walid Regragui : La patience et la persévérance ont donné leurs fruits
Le sélectionneur national, Walid Regragui, a affirmé que la patience et la persévérance ont permis d’atteindre les résultats réalisés par la sélection nationale. « Je tiens à féliciter tous les joueurs qui ont disputé la campagne de qualification. Six victoires en autant de rencontres n’est pas facile, d’autant plus que nous avons inscrit 26 buts», a déclaré Regragui lors de la conférence de presse d’après match Maroc-Lesotho.
«Après la dernière CAN en Côte d’Ivoire, ce n’était pas facile pour nous. On a accepté les critiques, baissé la tête et continué de travailler. Je suis très content pour mes joueurs», a-t-il confié. «Le plus important reste l’état d’esprit. Les joueurs ont respecté le football et l’équipe adverse. C’était une belle soirée, surtout pour les supporters», a-t-il poursuivi, faisant remarquer que la première mi-temps a été meilleure que la seconde, lors de laquelle les joueurs ont baissé relativement de rythme.
«Le recours à un spécialiste des coups de pied arrêtés a donné ses fruits», s'est-il félicité, expliquant que les balles arrêtées sont «une arme que nous pourrons utiliser dans l’avenir». En dépit de ce large score, le sélectionneur national n’a pas caché ses craintes pour l’incapacité des joueurs à gérer les temps forts.
«C’est mental. Il y a un relâchement, il faut éviter les erreurs techniques et respecter le jeu», a-t-il fait observer, indiquant qu’il y a beaucoup de concurrence au sein de l’équipe nationale. «Les joueurs qui sont restés sur le banc de touche ont brillé aussi. La liste comprend d’autres éléments qui ne sont pas présents avec nous. Le choix sera difficile mais la concurrence est positive. Je félicite la Fédération Royale marocaine de football et le staff technique pour le travail accompli», a-t-il ajouté.
Brahim Diaz est un «leader naturel», a commenté Regragui, estimant que l’attaquant du Real Madrid peut trouver facilement des solutions. «Brahim peut être plus efficace dans les trente derniers mètres. Il commence à grandir avec l’équipe et comprendre notre système», a-t-il poursuivi.
Pour espérer remporter la prochaine CAN, a analysé le sélectionneur national, il faut être «soudés» et «confiants», ajoutant que pour les prochains matches des Lions de l’Atlas en éliminatoires du Mondial, «on espère enchaîner de la même manière afin d’empocher tôt notre billet de qualification».