Le dernier conseil des ministres en date de samedi dernier, présidé par le Roi Mohammed VI, avait un agenda chargé qui a engendré des annonces qui ne sont pas passées inaperçues tant leur caractère est stratégique pour le Royaume.

Tout d’abord, la réforme en profondeur de l’État se poursuit à travers la création de l’Agence nationale chargée de la gestion stratégique des participations de l’État. Avec plus de 300 établissements et entreprises publics concernés, cette annonce indique une volonté proactive d’améliorer considérablement l’efficience des participations de l’État mais aussi la gouvernance de ces entités dont la gestion doit tendre vers les pratiques du privé.  Dans la perspective de la nouvelle charte d’investissement, c’est aussi un nouveau levier considérable pour l’investissement public.

Ce conseil des ministres a également entériné l’inclusion de certains établissements dans la liste des établissements publics stratégiques tels que l’Agence de développement du Grand Atlas ou l’Agence nationale d’aide sociale, qui dans ces cas précis indiquent des efforts continus dans les réformes de l’État social ou encore les enseignements tirés de l’épisode tragique du séisme d’Al Haouz pour les régions montagneuses enclavées de l’Atlas.

Autre point saillant des annonces faites pendant ce conseil des ministres, l’Institut supérieur de la magistrature quitte justement la liste des établissements publics stratégiques. Un retrait qui ne doit pas être interprété comme un recul de l’importance du judiciaire mais au contraire comme un renforcement de l’indépendance du judiciaire dans un contexte d’affirmation de l’État de Droit et de la séparation des pouvoirs.

Enfin et surtout, ce sont les nominations royales à l’issu de ce conseil qui sont les plus clairs indicateurs des priorités que se fixe le pays pour les prochaines années. Alors que le Maroc s’apprête à accueillir en 2025 la Coupe d’Afrique des Nations, test en situation réelle des capacités d’accueil du pays avant l’échéance majeure de l’organisation conjointe de la Coupe du Monde en 2030 avec l’Espagne et le Portugal, les établissements et entreprises publics les plus concernées ont été dotées de nouveaux responsables. Ainsi, de l’Agence nationale des Ports avec M. Mustapha Farès, à la Société nationale des Autoroutes du Maroc avec M. Mohammed Cherkaoui Eddaqaqi, en passant par l’ONDA (Office national des Aéroports) avec M. Adil El Fakir, ce sont les infrastructures et les capacités de celles-ci qui sont présentées comme prioritaires. En particulier pour l’ONDA, l’objectif affiché par cette nomination de l’ancien DG de l’ONMT, est de parfaire la stratégie touristique également, afin d’éviter que le Maroc, qui surfe sur une croissance du secteur depuis quelques mois, ne soit victime de son succès avant même l’arrivée des échéances précitées.

L’autre secteur stratégique qui bénéficie d’une relance objective à travers les nominations récentes, est celui de l’énergie. Le Maroc qui connait un stress hydrique majeur mais qui peut aussi se targuer d’une stratégie largement entamée dans la transition énergétique vers les énergies durables, se doit d’accentuer ses acquis et de continuer à développer le secteur dans un contexte international fortement concurrentiel. Son indépendance énergétique en dépend tout autant que sa stratégie atlantique ou africaine et sa relation avec le bloc européen voisin. Que l’ONEE et le Masen soient dotés de nouvelles directions aux ambitions claires est un pas de plus vers ces objectifs.

Tout ce beau monde a donc du pain sur la planche et leur succès sera visible autant que les échecs de leurs prédécesseurs, tant leurs missions sont attendues en termes de résultats.

 

Zouhair Yata

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