L’année 2024 se clôturera bientôt sur un monde on ne peut plus instable et divisé, en proie à de nombreuses guerres et dans un contexte de crise économique et social dont les conséquences sont désormais éminemment politiques, à l’image des résultats électoraux des partis d’extrême droite ou des populistes un peu partout, Trump étant le dernier exemple.

Mais, comme le disait Nietzsche, « l’ordre naît du chaos », et les changements de rapports de force géopolitiques qui ont lieu, vont avoir un impact structurel sur la face du monde de demain. Le Proche-Orient d’abord est déjà méconnaissable. Israël a décapité le Hamas et le Hezbollah, ses ennemis les plus fervents, mais a aussi clairement obtenu la tête de Bachar El Assad, mettant fin à une des plus sanglantes dictatures de la région et en privant l’Iran d’un allié de poids. De Gaza, à la Cisjordanie en passant par le sud Liban au plateau du Golan, l’État hébreu a considérablement élargi sa zone de contrôle.

En remontant de la région vers les Balkans et les rives de la mer Noire, c’est à Moscou qu’on arrive, et on se demande s’il est vraiment plausible que le Kremlin ait accepté que le régime syrien tombe sans aucune contrepartie occidentale, alors même que l’arrivée de Trump semble avoir rebattu les cartes entre l’Ukraine et la Russie, qui cherchent à ce stade tous les deux une voie de sortie à leur guerre aux portes de l’Europe.

Mais, le visage du monde de demain ne se limite pas seulement aux traits de ces conflits entre grandes puissances. D’autres enjeux sont transverses et cruciaux ; la sécurité alimentaire mondiale, la régulation de l’intelligence artificielle, le dérèglement climatique et ses conséquences qui touchent même ceux qui n’y croient pas.

Face à ces réalités, être spectateur n’est pas une solution. Il est nécessaire de réfléchir à ces problématiques, analyser toutes ces crises, formuler des conclusions ou du moins des enseignements et des scenarii, les confronter par le dialogue et enfin en tirer une position commune qui peut se projeter dans l’action et l’impact.

Les Atlantic Dialogues, créés il y a déjà une décennie par le Policy Center for the New South (PCNS), tiennent leur 13ème édition cette année et viennent une nouvelle fois enrichir le débat dans cette perspective. Devenu emblématique de l’approche marocaine à la fois diplomatique et ancrée dans la coopération internationale, et attirant un parterre d’invités et de panélistes de renom, l’événement se meut cette année en une conférence multithématique, à la mesure des enjeux globaux que le monde vit.

Un accent particulier y sera dédié à l’Initiative atlantique marocaine, présentée par le Roi Mohammed VI dans son discours pour le 48e anniversaire de la Marche verte, qui ambitionne d’aider les pays du Sahel à surmonter les obstacles à leur développement tout en accélérant leur intégration dans l’économie mondiale et qui est un exemple probant de ce que la coopération renforcée entre les pays de l’interface atlantique peut produire en termes de codéveloppement.

Dans un monde marqué par l’exacerbation des rivalités entre grandes puissances, la nécessité d’une gouvernance mondiale efficace est d’autant plus prégnante. Et, la voix du « Nouveau Sud », que des forums uniques comme les Atlantic Dialogues contribuent à définir, à concrétiser et à amplifier, doit être entendue parce qu’elle peut aider à sa redéfinition. Parce que les équilibres de demain se définissent aujourd’hui.

 

Zouhair Yata

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