La ville de Fès vient d’abriter une importante rencontre sur la santé des migrants vulnérables et autres atteints de maladies de différentes pathologies. De prime abord, il est important de rappeler qu’en 2019, la mobilité humaine a connu une forte croissance, avec 272 millions de migrants internationaux dont 40 millions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (MENA). C’est dire la taille de la problématique et sa complexité !

Mis en œuvre par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et financé par le ministère des Affaires Étrangères de la Finlande, le programme dit ‘‘Promouvoir la santé et la protection des migrants vulnérables’’, cible les besoins de santé et de protection des migrants au Maroc, en Tunisie, en Libye, en Égypte et au Yémen. Face aux instabilités politiques et aux obstacles à l’accès aux droits fondamentaux, le programme propose des initiatives concrètes, telles que des assistances médicales et psychosociales. Depuis sa première phase en 2015, il a assisté plus de 24 000 migrants, améliorant leur accès aux soins et sensibilisant les communautés sur des enjeux comme le VIH/SIDA, la tuberculose et la violence basée sur le genre.

Ce programme vise à créer un environnement favorable à la santé et au bien-être des migrants vulnérables, tout en contribuant à la Couverture Médicale Universelle dans la région.

A Fès, cette conférence internationale sur la santé des réfugiés et des migrants, organisée par l’OIM, l’OMS et le HCR, en partenariat avec l’Université Euromed de Fès, a essayé de répondre aux besoins de santé des réfugiés et migrants. Plus de 150 participants incluant des décideurs politiques, des chercheurs, des membres de la société civile, des représentants d’organisations internationales et de jeunes étudiants se sont réunis autour d’un objectif commun : améliorer la santé des populations migrantes et réfugiées.

Une question de dignité

Au cœur de cette conférence, plusieurs thèmes essentiels ont été abordés, mettant en exergue les défis auxquels ces populations souvent vulnérables sont confrontées. Comme l’a souligné Mme Maryam Bigdeli, représentante de l’OMS au Maroc, « la santé des migrants n’est pas seulement une question de soins médicaux, mais aussi de dignité et d’égalité des droits. Nous devons garantir un accès équitable à tous, indépendamment de leur statut migratoire ».

Au centre des débats aussi, les défis communs, les stratégies collectives et la conception d’interventions adaptées et efficaces. À cet égard, Mme Laura Palatini, Cheffe de Mission de l’OIM au Maroc, a affirmé que « ce type de conférence crée un espace nécessaire pour la collaboration. Ensemble, nous pouvons construire des systèmes de santé plus résilients et inclusifs ».

De son côté, le Professeur Mostapha Bousmina, Président de l’Université Euromed de Fès, a déclaré que « cette conférence a démontré que lorsque nous travaillons ensemble, nous pouvons surmonter les défis complexes que présentent les migrations. Il est essentiel que nous continuions à bâtir des partenariats solides pour améliorer les conditions de santé de ces populations ».

Par la même occasion, les organisations partenaires, à savoir l’OIM, l’OMS et le HCR, ont mis en œuvre des projets novateurs visant à améliorer la santé et la protection des migrants et réfugiés vivant dans des situations de vulnérabilité. À titre d’exemple, l’OIM a souligné les accomplissements d’un projet régional financé par le Ministère des Affaires Etrangères de la Finlande et couvrant le Maroc, la Tunisie, la Libye, l’Egypte et le Yémen, qui vise à appuyer les gouvernements pour que les migrants puissent avoir accès aux services de santé au même titre que les nationaux et contribue au renforcement des systèmes de santé par le biais, par exemple, de formations du personnel de santé au contact avec les populations migrantes. De plus, l’OMS a présenté des initiatives visant à garantir que tous les migrants, quel que soit leur statut, aient accès à des services de santé de qualité. Le HCR, quant à lui, a mis en avant l’importance d’une approche holistique intégrant la santé physique et mentale dans les programmes d’aide.

Dans ce cadre, M. François Reybet-Degat, Représentant du HCR au Maroc, a souligné l’importance de ces initiatives : « Chaque intervention dans le domaine de la santé des migrants doit être centrée sur les personnes. Nous avons la responsabilité de veiller à ce que leur voix soit entendue et que leurs besoins soient pris en compte dans la planification des services de santé ».

 

Une accessibilité accrue aux soins

Au Maroc et depuis 2015, le pays s’est engagé dans le projet régional « Promouvoir la santé et la protection des populations migrantes en situation de vulnérabilité au Maroc, Tunisie, Libye, Égypte et Yémen », qui a contribué à l’élaboration des politiques publiques en matière de santé des migrants, a renforcé les services de santé en permettant que plus de 300 000 migrants dans les pays ciblés aient eu accès à des soins de santé de qualité.

La phase 3 du projet (2020-2024) et le Plan Stratégique National Santé Immigration (PSNSI) 2019-2025 témoignent également de la continuité de cet engagement du Maroc en faveur d’une accessibilité accrue aux soins pour les migrants vulnérables et de l’élargissement de la Couverture Médicale Universelle. Ces actions incluent l’organisation de dialogues politiques, des ateliers de formation et un symposium régional visant à harmoniser les efforts nationaux et régionaux. Le développement de manuels de formation en santé migratoire et de programmes pilotes de mobilisation des compétences illustre cette démarche, en renforçant l’autonomie des acteurs locaux pour la prise en charge de la santé des migrants.

Cette conférence internationale a adopté une série de recommandations dont la protection et le respect du droit à la santé des réfugiés et des migrants en facilitant leur inclusion dans les systèmes de protection sociale et de couverture sanitaire, et dans le cadre de la réforme actuelle du système de protection sociale au Maroc l’invitant à faciliter l’inscription des réfugiés et migrants en situation régulière au Registre National de la Population pour pouvoir bénéficier de l’AMO qui inclue des services du secteur secondaire et tertiaire à des prix réduits. Pour les réfugiés et les migrants ne pouvant pas cotiser, créer un mécanisme de financement pour favoriser leur inscription à la couverture sanitaire. Les participants ont également proposé de répondre aux déterminants sociaux de la santé en travaillant en étroit partenariat avec tous les ministères et tous les secteurs de la société pour via la facilitation de l’accès au marché de l’emploi, à l’hébergement et l’intégration sociale, pour un impact positif sur la santé des réfugiés et migrants…

Ces recommandations et bien d’autres pourraient ainsi poser les fondations d’une action collective et concertée, visant à améliorer durablement la santé et le bien-être des populations migrantes dans la région, tout en renforçant les valeurs de solidarité et de responsabilité partagée.

La conférence de Fès a permis ainsi de poser les jalons d’une action collective pour améliorer la santé des réfugiés et des migrants. Les échanges fructueux ont mis en évidence non seulement les défis persistants, mais aussi les nombreuses opportunités de collaboration pour trouver des solutions durables.

Quand on voit de notre côté la situation désastreuse de la santé des migrants subsahariens de passage au Maroc, on peut dire ainsi qu’il est impératif que les efforts se poursuivent, avec une attention particulière portée à l’inclusion des voix des migrants eux-mêmes dans les discussions politiques et les décisions concernant leur santé…

 

H.Z

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